Poèmes 1967-1994


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L'Algérie

Les souvenirs accrus et mes plaisirs perdus

L'Algérie

Dédicaces à l'Algérie


A mon pays bien aimé
Où j'ai laissé à jamais
Le plus prestigieux des biens,
Quatre mètres de terre
Où repose mon père
Et tant d'autres des miens.





Acrostiches à l' Algérie


Algérie, mon joli pays
Lentement tes enfants te laissent
Grands ou petits le cœur meurtri
Emportent au loin leur tristesse
Ruinés par un traité ennemi
Ils s'en vont malgré les promesses
Et les accords garantis.


Sidi-Bel-Abbès le 2 juillet 1962.




Algérie, ma belle Algérie
Longtemps je penserais à toi
Gardant de ta verte prairie
Et de ton soleil d'orfroi,
Rien d'autre qu'une idée fleurie
Image floue qui autrefois
Etait le bonheur de ma vie.


Moulins le 17 mars 1968.



Le départ d'Algérie



Refrain

Pour ne pas souffrir
De la récente indépendance,
Pour ne pas mourir
Sous la torture et la vengeance,
Nous avons abandonné
Jusqu'aux tombeaux des aimés.
Nous sommes partis
Du beaux pays de notre enfance
Sans but défini
Nous avons regagné la France,
Laissant aux agresseurs
Cent trente années de labeur.

1er couplet

Et sur nos figures
Se lisait toute l'aventure
Des jours sans espoir,
Vécus par nous pauvres Pieds-Noirs
Qui du jour au lendemain
Quittions le sol africain.

Pendant que l'ennemi en fête,
S'emparait de nos maisonnettes
Nous avons rejoint le port
Pour échapper à la mort.
Et dans une foule en délire,
Pressés de prendre le navire,
Nous étions là sur le quai,
En instance d'embarquer.

2ème couplet

Après une attente,
Sous une chaleur accablante,
Nous avons enfin,
Trouvé une place ce matin,
Dans la cave d'un cargo
Parmi colis et ballots.

Malgré un soleil magique,
Nous étions tous pris de panique,
Quand dans un suprême effort,
Le bateau quitte le port.
Et bien vite le doux rivage
Du beau pays façonné
Par les mains de nos aînés.

3ème couplet

La dernière image
De nos villes de nos villages
Disparut plus tard
Dans la brume et le brouillard.
Mais aujourd'hui sa splendeur
Est encore toute en nos cœurs.

Car c'était notre vie entière
Nos joies nos peines, nos misères.
Jamais un rapatrié
Ne pourra tout oublier
De cette France chérie
Modelée en Algérie
Par leurs pères bien français
Avant leur départ forcé.

Dernier refrain

Nous sommes partis
Du beau pays de notre enfance,
Sans but défini,
Nous avons regagné la France,
Laissant à nos oppresseurs
Cent trente années de labeur.
Nous sommes reçus,
Après tant d'années de souffrances
Comme des intrus,
Dans notre cher pays de France,
Car nous sommes des Pieds-Noirs
Dénigrés par le pouvoir.


Moulins le 27 février 1968.




Année maudite et grand perdant



1
Années d'accords et de promesse
De tromperies et de bassesses
De compromis et de discours
Remis sans cesse au goût du jour
2
Année de misère et de famine
De transactions et de combines
D'une poignée de profiteurs
Promettant l'éternel bonheur.
3
Année de casse et de vandalisme
Perpétrés par le fanatisme
De scélérats et de bandits
Jetant sur tous le discrédit
4
Année où l'orgueil d'une race
Soutenu part l'immense masse
Mettait à feu, mettait à sang
Un sol français resplendissant.
5
Année, aux incendies infâmes
Où, tout était la proie des flammes
Moutons, chevaux, vaches, vachers
Étaient vivants mis au bûcher.
6
Année de haines sanguinaires
De groupes révolutionnaires
Ne délaissant rien au hasard
Ni femmes, ni enfants, ni vieillards.
7
Année d'horreurs et d'injustices
De collabos et de complices
Où l'assassin et le voleur
Etaient traités en grands seigneurs.
8
Année du prisonnier en armes
Devenu tout à coup gendarme
Barbouze à casser du Pied-Noir
Sous l'œil complice du pouvoir.
9
Année de porteurs de valises
Passées maîtres dans la traîtrise
Qui part leur aide et leur argent
Ont décimés le contingent.
10
Année où un Charles de Gaulle
Traître et parjure à sa parole
Avait par " je vous ai compris"
Tout consenti à l'ennemi.
11
Année offrant la paix des braves
Aux prometteurs d'exactions graves
Alors qu'on jetait en prison
Nos officiers de garnison.
12
Année cruelle et insolite
Que cette année folle et maudite
De Mill' neuf cent soixante deux
Qui fit bien trop de malheureux.
13
Tous les Pieds-Noirs sans aucun doute
Tous les harkis mis en déroute
Mais l'algérien indépendant
Devint hélas, le grand perdant.


Berck plage le 17 mars 1967.



La trahison


Combien sont-ils de par le monde ?
Ces gens d'Alger, ces gens d'Oran
Sans un ami, loin des parents
Chassés de leur terre féconde.

Combien sont-ils toujours souffrants ?
Sans retrouver la paix profonde
Victime d'un pouvoir immonde
Combien sont-ils encore errants ?

Ceux qui avaient toute leur vie
Versé le sang pour la patrie
Ne pensaient pas, qu'on puisse un jour.

Ne pas venir à leur secours
Pour sauver leur France chérie
Qui se mourait en Algérie.


Moulins le 16 mars 1968.




Le rapatrié Pied-Noir


1
Toi pied noir, qui plaint ta peine
De ton horrible destin
Qu'elle vie était la tienne
Quand du jour au lendemain,
Tu quittais ton Algérie
Tu abandonnais tes biens
Ta maison et ta prairie
Pour échappés aux vauriens.
2
Le jour de l'indépendance
Nul ne vint t'aider pourtant
Quand tu regagnais la France
Pour protéger tes enfants.
Après six ans de calvaire
De malheur, de sang versé
Main devant main derrière
Tu partais contraint, chassé.
3
Tu quittais villes, villages
De superbes créations
Edifiées au fil des âges
Par plusieurs générations.
Tu laissais aux mains rebelles
Alger, Constantine, Oran
Et d'autres villes très belles
Pour Paris ou Perpignan.
4
Dans la cohue générale
Du repartais à zéro
Entassé au fond des cales
D'un anonyme cargo
Tu partais à l'aventure
Comme tuile dans le vent
Détachée de sa toiture
Arrachée de son auvent.
5
Tu savais que ce voyage
S'éloignait à tout jamais
De ces merveilleux rivages
Africains que tu aimais.
Mais ton cœur toujours fidèle
Ne sauras rien oublier
De cette Algérie modèle
Que tu quittais en juillet.
6
Immense étais ta souffrance
Quand sans parent, sans ami
Et surtout sans assistance
Quelque part dans le pays.
Tu t'es vu dans tes voyages
En avions, bateaux, ou trains
Délesté de tes bagages
Par de minables gredins.
7
Si parfois des gens affables
T'ont fait un très bon accueil
Combien d'autres moins aimables
T'on reçu au bas du seuil.
Une propagande immonde
Soutenue par le pouvoir
Avait parcourue le monde
Pour dénigrer le pied noir.
8
Les gouvernants de l'époque
Avaient volontairement
Entretenu l'équivoque
Pour plébisciter Evian
Cette ville sans histoire
Qui un jour par ses accords
Amputait le territoire
D'un morceau en plein essor.
9
En te proclamant coupable
De tous les maux algériens
Tu devenais condamnable
par de nombreux citoyens.
Et ainsi l'indépendance
Qui n'avait rien d'un succès
Devenait en l'occurrence
Ta damnation sans procès.
10
Tu étais colonialiste
Le bon à rien, le voyou,
L'affreux capitaliste,
Le profiteur, le filou,
Le possesseur de domaine
Qui à grands coups de gourdin
Malmenait les indigènes
Qui lui servaient de larbins.
11
Mais ces prétendus esclaves
Délivrés du joug colon
Ont, dès le retour des braves
Su ce qu'étais le bâton
Aussi en quelques semaines
Ces affranchis aux abois
S'expatrient par centaines
Pour s'en revenir vers toi.
12
Et ton pays pacifique
Les reçoit à bras ouverts
Et ta bonne république
Leur donne gîte et couvert.
Alors que tant de fidèles
Pieds noirs, harkis, ou soldats
Livrés aux mains des rebelles
Passent de vie à trépas.
13
Mais avec le temps qui passe
La vérité au grand jour
Saura dévoiler la face
Des détracteurs, des vautours.
Et par ta persévérance
Tu sauras avec ardeur
Montrer à brève échéance
Ta véritable valeur.
14
Et dans dix, vingt ans, sans doute
Tous porteront à l'honneur
Ce bon compagnon de route
Ce français venu d'ailleurs
C'est alors qu'ils verront l'homme
Tel qu'ils auraient du le voir,
Le jour de son retour comme
D'autres sacrifiés pieds noirs.


Berck-plage le 20 février 1967.




Acrostiche à Sidi-Bel-Abbés



Sidi Bel Abbés, jolie ville
Implantation de la légion
Demain que sera ta région ?
Inculte et livrée aux reptiles ?

Bien que tes terres soient fertiles
Et que tu ais des plantations
Laissées par cinq générations

Auras-tu des servants habiles ?
Bien que ta belle Mekerra
Baignera tes raisins muscats
En rien de temps tes beaux domaines
Serviront de gîte aux hyènes.


Moulins le 19 mars 1968.




Acrostiche à mon village.



Eugène-Etienne-Hennaya
Univers de mon enfance
Généreusement tu as
Envoyé partout en France
Nos enfants de ci de là
Encombrés de leur souffrance.

Eugène-Etienne-Hennaya
Tout seul, aux mains des ennemis
Indépendante et sans bras
En peu de temps ta prairie
Ne sera qu'une nebka
Négligée, à l'agonie
Et sonnant à mort, le glas.

Hennaya aujourd'hui-même
En pleurs sur ton avenir
Nous te dédions ce poème
Né de nos doux souvenirs
Alors que toujours les mêmes
Yeux qui t'ont vu embellir
Aperçoivent ton martyr.


Moulins le 19 mars 1968.




Acrostiche à Rio Salado


Rio Salado, ton image
Immortelle est dans mon sillage
Ou que j'aille, ton voisinage

Suis pas à pas tous mes voyages
Ayant choisi en mariage
La fille aimée de ton village,
A jamais de par son visage,
Devant moi j'aurais le mirage
Oranien de tes beaux parages.


Moulins le 18 mars 1968.




Acrostiche à Louza et Deligny


Louza-Deligny-Bel-Abbés
Où j'ai passé durant six ans
Une partie de ma jeunesse
Zélé dans les travaux des champs
A combattre la sécheresse

Deligny, village fermier
Entre Bel-Abbés et les Trembles
Le jujubier et le palmier
Inévitablement ensemble
Grandiront plus que l'olivier.
Nous pourrons peut être bientôt
Y voir ta ruine et ton chaos.


Moulins le 20 mars 1968.




Acrostiche à Oran


Oran, Oranie, tes villages
Rappelleront en témoignage
A ton étranger de passage
Nos cent trente deux ans d'ouvrage.


Moulins le 19 mars 1968.




Acrostiche à Alger et Bouzaréah



Alger la blanche, faut voir comme
Les enfants Pieds-Noirs que nous sommes
Gamins, adolescents et hommes
En pensant à leur sol banni
Regardent vers toi aujourd'hui.


Bouzaréah d'Alger la haute
Où j'habitais pendant trois ans
Un endroit où le puissant
Zéphyr arrivant de la côte.
Ah ! Bouzaréah, toi si belle
Rien ne saura vraiment flétrir
Entièrement les souvenirs
Aussi beaux d'un Pied-Noir fidèle
Hanté de te voir dépérir.


Moulins le 20 mars 1968.




Adieu Sidi Bel Abbés



1
Adieu ô douce ville
De Sidi-Bel-Abbés
Toi notre cher asile,
Havre de palmarès
Adieu cité chérie,
Berceau de la légion
Adieu belle région.
2
Tu avais en vraie mère
Procrée en ton sien,
Des fils nés sur tes terres,
Des pieds noirs algériens.
En mère nourricière,
Tu avais recueilli,
Parmi tes légionnaires,
Des gens de tous pays.
3
Toi la cosmopolite,
Qui avais dans l'honneur,
Façonne cette élite
De loyaux serviteurs.
Tu la vois mort dans l'âme,
Te quitter sans grief
Chassée par une infâme
Trahison d'un vieux chef.
4
Civils ou militaires,
Commerçants, artisans
Privés ou fonctionnaires ;
Éleveurs, paysans,
Pauvres ou milliardaires,
Ouvriers ou patrons
Mains devant, mains derrières
Ils s'en vont tes colons.
5
Dans une course folle,
Le cœur gros, le cœur lourd ,
Ils vont en métropole
Sans espoir de retour.
Laissant à adversaire,
De grandes créations
Édifiées pierres à pierres,
Par cinq générations.
6
Ils s'en vont, ils te laissent
Toutes sortes de biens,
Une immense richesse,
Mais tout cela n'est rien
Comparé à la terre
La plus chère à leur cœur,
Celle du cimetière
Là où gît, l'un des leurs.
7
Afin de témoignage
Pour la postérité
J'avais sur cette page
Cru pouvoir tout noter,
Noter tous les ouvrages
Que ce départ express,
Te laisse ô Bel-Abbés.
8
Mais j'ai quelques problèmes,
Jamais je ne pourrai,
Noter dans ce poème
Tous les biens libérés
D'ailleurs, nul, je suppose
Ne pourrait recenser
La quantité des choses
Laissée par les français.
9
Aussi soyons logique
Disons que les pieds noirs
N'ont rapportés d'Afrique
Que leurs bras, leur savoir.
Et ici dans ta ville,
Comme partout ailleurs
Tous ces gens qui exilent
N'emportent que douleurs.
10
Tu n'es pas responsable
De cette désertion
Cruelle et déplorable
Subie par ta région
Tu avais au contraire
Maté la rébellion
Pour essayer de faire
La nécessaire union.
11
En maintes fois naguère,
Pour venger le pays,
Tu avais à la guerre,
Débouté L'ennemi
Au nom de la patrie,
Pour sauvé la nation,
Tu avais d'Algérie
Dépêché ta légion.
12
Mais aujourd'hui la France
Qui a vite oublié
Te refuse assistance
Dès ce premier juillet,
Cette mère infidèle,
N'a pas plus hésité
A t'enlever tutelle
Que nationalité.
13
Toi qui étais française,
De par tes sentiments,
Chantant la marseillaise
Dans un grand nombres d'accents
Te voilà algérienne
Grâce aux accords d'Evian,
Cette invention malsaine
D'un chef se reniant.
14
Vive l'indépendance,
Clament les algériens,
Mais sans notre présence
Que seras-tu demain ?
Que sera ta campagne ?
Que seront tes canaux ?
Tes routes de montagnes,
Tes chemins communaux ?
15
Que seront tes cultures ?
Tes vignes tes vergers,
Lorsque dame nature
Les aura submergés ?
Que seront tes domaines,
Tes fermes ça et là
Tes routes dans les plaines
Que sera tout cela ?
16
Dans vingt ou trente années,
Sans doute tu auras,
Un peu plus de mosquées,
Près de ta MEKERRA.
Mais les Pieds-Noirs s'inquiètent,
Ô Sidi-Bel-Abbès,
De voir dessus ta tête,
L'épée de DAMOCLES.
17
Ils craignent que tes maîtres
Tes nouveaux dirigeants
Pensent à leur bien être
Plus qu'à toi et tes gens,
Et fassent sans attendre
Main basse sur l'avoir,
Plutôt que entreprendre
De le faire valoir.
18
Oui, après cette exode
Tu auras sans retard,
La tâche peu commode
De prendre le départ.
Tu devras mettre en route,
Tes sueurs de burnous,
Qui n'ont sués sans doute,
Que devant un couscous.
19
Ces héros de rapines
Qui en liesse aujourd'hui,
Volent et assassinent
Les pieds noirs, les harkis
Oui, tu devras bien vite,
Remettre sur les rails,
Ces nombreux parasites
Qui vivaient sans travail.
20
Sans quoi après la fête
Dès les premiers instants
Tu verras la disette
S'installer pour longtemps.
Et dans quelques semaines,
Nous verrons à Paris,
Émigrer par centaines
Nos braves ennemis.


Commencé à Sidi Bel Abbés le 6 juillet 1962
Terminé sur le bateau du retour le 13 juillet 1968.





Le départ des Pieds-Noirs.



Refrain
Oui c'étaient de fameux Pieds-Noirs
Des français spoliés sans avoir
Rapatriés ô oui (tiers)
Rapatriés
Oui, oui, oui, c'étaient de fameux Pieds-Noirs
Partis du pays de l'espoir.

1
C'est en juillet, par un triste matin,
Que frapper à la porte le destin,
Pour sauver leur vie des mains des assassins,
Ils leurs f allaient quitter leur sol africain.
2
Le jour du départ, sur les quais réunis,
Sous un ciel de feu, parents et amis
Avaient tous au cœur, un regret infini,
De laisser à jamais leur si beau pays.
3
Dès que le bateau se retira le port,
Sur le pont, dans un silence de mort
Les moins courageux et même le plus fort,
Défaillaient accablés par le poids du sort.
4
Et quand l'Algérie quelques instants plus tard,
Disparaissait tout au loin sous leurs regards,
Chacun d'eux portait dans ses yeux hagards,
Les séquelles de son affreux cauchemar
5
Des horreurs vécues dans son récent passé,
De maris disparus, d'enfants blessés,
De femmes violées, d'amis assassinés,
De fermes incendiées et de biens volés.
6
Et voilà pourquoi, ils devaient pour toujours
S'en aller du pays de leur amour,
Et gagner la France et vivre au jour le jour,
Abreuvés de vilains et méchants discours ?



Moulins le 20 juin 1968.





Les filles d'Algérie.



Refrain
Je reconnais bien volontiers,
Tous les succès du monde entier,
Mais moi, j'ai vu bien plus jolis
Là-bas dans mon pays,
Les filles, les filles, filles,
Les filles, les filles, les filles d'Algérie.
1
Toutes de bonnes familles,
N'ayant ni fard, ni bijoux,
Si vous aviez vu ces filles,
Vous seriez devenus fous.
Quand le soir sous la charmille,
Bras dessus et bras dessous
Ou tournant dans un quadrille,
Très en vogue par chez nous.
2
Si vous aviez vu l'Afrique,
Vous auriez eu qu'un espoir,
Approcher ces sympathiques,
Ces jeunes filles Pieds-Noirs,
Oui, ces beautés idylliques,
N'étaient que plus belles à voir,
Quand le soleil magnifique,
Reflétait dans leurs yeux noirs.
3
Si vous aviez vu ces belles,
De leurs yeux nous éclatants,
Jaillissait une étincelle,
Qui annonçait le printemps ;
Mais jamais la bagatelle,
Elles se voulaient fidèles,
Pour leurs futurs prétendants.
4
Si vous aviez eu la chance,
Que l'une vous aime un jour,
Vous auriez pu en confiance,
Mener le parfait amour,
Et sûrement vos avances,
Auraient comme en retour,
Leur plus belle récompense,
N'aimer qu'un seul, mais toujours.


Moulins le 20 juin 1968.




Veille de Toussaint.



1
Demain sera jour de Toussaint,
Pourtant déjà ce matin même,
Pour la plus part, les citadins,
Ont acheté leurs chrysanthèmes.
Ils ont dénudés les jardins
Et dévalisés les fleuristes,
Rien n'est assez beau, c'est certain,
Pour ce grand jour pourtant si triste.
2
Si triste pour ceux qui comme moi,
Ont laissé dans un cimetière,
Dans l'Oranie dans l'Algérois,
Un frère, un enfant ou un père.
Oui, bien triste sera demain,
Quand entre deux larmes qui tombent,
Ils verront amis et voisins,
Fleurir avec entrain leurs tombes.
3
Combien seront, ceux en pleurs ?
Chez eux se souviendront peut être,
Des temps où ils portaient leurs fleurs ?
Sur le tombeau de quelque ancêtre.
Combien d'autres qui en commun ?
Vont prier dans une église,
Pour l'un de leurs parents défunts,
Que leur amour immortalise.
4
Combien sont-ils, ceux qui comme eux,
Ont le cœur lourd et l'âme en peine,
Combien sont-ils ces malheureux ?
Sans aucun doute des centaines,
Mais qui parmi ces pèlerins ?
Et qui parmi les indigènes ?
Pensera que ces êtres humains,
Ont leurs morts en terres africaine.


Moulins le 1er novembre 1968 .




Les africains.
(sur l'air de la Madelon)


1er couplet
Où est ? ce chant qui était dans sa genèse,
Dans nos armées, il n' y a pas si longtemps,
Entre Suzon, Mamelon , la marseillaise
Ces airs glorieux, primées de nos combattants,
C'était un refrain d'Algérie,
Un peu de soleil de chez nous,
De l'époque où notre patrie,
Souffrait envahie de partout,
De Marseille à Calais, de Strasbourg à Quimper,
Le pays tout entier, n'était plus qu'un enfer.

Refrain
Mais les colons, du fond de leur Afrique,
Tout en chantant : ces nous les Africains,
Sont venus sauver leur république,
Qui clamait leur refrain " les Africains
Ces combattants, en période guerrière,
Tous accueillis comme des souverains,
Étaient des français à part entière,
Mais aussi des Pieds-Noirs africains.

2ème couplet
Où est ce chant ? qui avait tant d'importance,
Pour les français, au temps de l'occupation,
N'étaient-ils pas ? apprécié par tous en France,
Quand l'ennemi, décimait notre nation.
Alors pourquoi tant de blasphèmes ?
Contre ce chant et ces colons,
Ne sont ils pas ? tous ceux là même,
Qui guerroyaient, pour vous au front ,
De Marseille à Calais, de Strasbourg à Quimper,
Alors que le pays, offrait gîte et couvert.

3ème couplet
En quarante, leur chant était salutaire,
Quarante-cinq, celui des souvenirs,
Cinquante -huit, le déclara trop sectaire,
Soixante deux, le proclama chant horreur.
Oui, dès que sonna l'armistice,
Lorsque chacun rentra chez lui,
Ou oublia les sacrifices,
Ce chant vainqueur fut interdit.
De Marseille à Calais, de Strasbourg à Quimper,
Le pays tout entier le regardait de travers.

4ème couplet
Et oui ce chant, qui fit le tour de la terre,
Ce chant fougueux, que chantait tous nos soldats,
N'est plus hélas l'orgueil de nos militaires,
Comme jadis, quand ils partaient au combat.
Pour avoir cru un faux prophète,
Dans les propos qu'il avançait,
" de Dunkerque à Tamanrasset, (e)
Cinquante cinq millions de français, "
De Marseille à Calais, de Strasbourg à Quimper,
Le pays tout entier renie l'outre mer.

Dernier refrain
Mais les colons jetés de leur Afrique,
Faisant honneur au chant des Africains,
Tous en cœur, donnèrent la réplique,
Par doublement du refrain…les Africains,
Ces soit disant bourreaux capitalistes,
Pour la plus part de modestes terriens,
Devenaient tout à coup les lampistes,
Justifiant, l'abandon Africain.


Doublement du refrain
Mais ces colons, français venus d'Afrique,
Traités parfois, comme des moins que riens,
Trouveront, que ces viles critiques,
N'étaient qu'un méchant refrain…de gens mesquins.
Oui ces colons, ces soldats de naguère,
Démonteront, à tous les citoyens,
Qu'un Pied-Noir, même loin de sa terre,
Reste encore un battant, plein d'entrain.


Moulins le 12 novembre 1968.




Le pays de mon enfance.


1
Avant ton indépendance
Que tu étais merveilleux
Cher pays de mon enfance.
2
Algérie, terre de France
Tu l'étais par mes aïeux
Avant ton indépendance.
3
Tu vivais dans l'abondance
Chacun se sentait heureux
Cher pays de mon enfance.
4
Pratiquant la tolérance
Tu étais béni des dieux
Avant ton indépendance.
5
D'ailleurs nul n'a souvenance
De problème religieux
Cher pays de mon enfance.
6
Et rarement, la violence
N'avait voilé ton ciel bleu
Avant ton indépendance
Cher pays de mon enfance.


Saint-Cyprien le 3 août 1994.




Ma France.



Mon pays, ma France, celle de ma naissance
C'était une ferme, bâtie près d'un ruisseau
Bordé de cerisiers et de figuiers immenses
Sur lesquels se nichaient des nuées de moineaux.

Mon pays, ma France, celle de mon enfance
C'étaient mon village, sa source ses canaux
C'était bien sure Tlemcen qui de tout évidence.
M'a laissé dans le cœur, l'empreinte de son sceau.

Mon pays, ma France, mon unique patrie
C'était peut être Alger, Constantine ou Oran
Ou de simples lieux dits, toujours si différents.

Des coins parfois perdus au fin fond d'Algérie
De vignes, d'oliviers, d'orangers odorants
C'était cela ma France, vieille de cent trente ans.



Saint-Cyprien le 31 décembre 1994.





Dis-moi Charlot.


1
Dis-moi, Ô, brave Charlot,
Toi qui es vers Dieu le père,
Chez Lucifer ou saint Pierre,
Qu'aperçois tu de la haut ?
2
Que vois-tu ? noble Charlot,
Pour cette terre si belle
Que tu offrais aux rebelles,
Autrefois sur un plateau.
3
Oui dis moi, Ô beau Charlot,
Que vois-tu en Algérie ?
Si ce n'est la barbarie,
La misère et le chaos.
4
Que penses-tu ? bon Charlot,
Toi qui prédisais naguère,
La réussite exemplaire,
Pour ce pays tout nouveau.
5
Vois, Ô, vénéré charlot,
Toi, qui sur notre planète,
Voulais jouer les prophètes
Comment ton bateau prend l'eau.
6
Puisque mort, pauvre charlot,
Tu ne pourras rien me dire,
Dieu fasse que tu inspire
Tous les veaux de ton troupeau.
7
Enfin, Ô, défunt Charlot,
Que tout un chacun atteste
Des résultats bien néfastes
Obtenus par leurs héros.
8
Et admets, Ô, grand Charlot,
Qu'après trente ans d'existence,
Ton idée d'indépendance
N'est rien d'autre qu'un fiasco.


Saint-Cyprien le 8 janvier 1994.




On se fait mettre, ou on le met.


Chez les Pieds-Noirs le verbe mettre
Sert de joker un peu partout
Disant même souvent peut être
Mais, il fait mouche à tous les coups ;
On vous dira, la fois dernière
Ce coco là, me l'avait mis,
Alors, demain, sans commentaire
Je lui mettrai, moi même aussi.
Sans complément, pouvait permettre
De savoir où, comment ou quoi ?
Chaque Pied-Noir, sans rien omettre
Sans quoi mettre où et pourquoi ?
Que l'on vous prouve ou vous impose
Légalement, ou hors la loi,
C'est cependant la même chose
On vous le met à chaque fois ;
Mais prenez garde à ne pas dire
Ceci cela, ou le met on ?
Car le pied noir, par un sourire
Très explicite, en dira long.
Et s'il répond par politesse,
Mettez cela ici ou là
Soyez en sur, c'est à vos fesses
Ou leur milieu, qu'il pensera.
Mais les pieds-noirs, c'est bien De Gaulle
Qui par ses faux accords pervers
Leurs a bien mis, en trois paroles
En long, en large et en travers.



Saint-Cyprien le 9 janvier 1994.

















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