Les souvenirs accrus et mes plaisirs perdus |
Hôpitaux |
Aux hôpitaux.
Dédié :
Aux gens des hôpitaux.
Qui m'ont traité en homme,
Moi, qui n'étais en somme,
Qu'un simple numéro.
Les jours, les mois, les ans,
S'effacent avec le temps,
Mais mon cœur toujours fidèle,
N'oubliera pas de si tôt,
Toutes ces mains fraternelles
Comme dans les hôpitaux.
Moulins le 18 mars 1968.
Acrostiche à l'hôpital maritime de Berck.
Hôpital, ô toi maritime,
On a pour toi beaucoup d'estime,
Pourtant on préfère éviter,
Infiniment tes charités,
Tous tes soins et tes compétences,
Auront bien sur de l'influence.
Là où s'implante les souffrances.
Maritime, ton assistance,
A pour moi son importance,
Récupérant bien peu,
IL me faut te faire un aveu
Tant que je serais sur terre,
Infirme ou en forme exemplaire,
Maritime, mon cher ami,
Encor, je te dirais merci
Des mécontents tu en verras,
Et des plaintes tu en auras,
Bien que pour moi, mon seul reproche,
Est que tu ne sois pas plus proche,
Retiré, tu es sans confort.
Caché dans les dunes du nord,
Krac, pourtant tu combats la mort.
Berck plage le 18 mars 1967.
Mon infirmière.
Revêtue de ses blancs habits,
Semblable à une rose blanche,
Elle accomplit d'une main franche,
Ses dignes travaux infinis.
Prodiguant ses soins près du lit,
Vers le malade elle se penche,
Pareille à l'oiseau sur la branche,
Donnant la becquée au petit.
Elle a toujours le mot pour plaire,
Le mot qui calme la misère,
Même en ne vous la nommant pas.
Sans doute, savez-vous déjà,
Que cette mère nourricière,
N'est autre que mon infirmière.
Moulins le 25 mars 1968.
Félicitations à une infirmière.
(pour la naissance de sa petite fille alors qu'elle n'avait que 36 ans)
1
A notre chère amie Lucienne,
Qui attendait impatiemment,
Que l'heureux événement vienne,
Pour être enfin la grand maman.
2
Les malades, le personnel,
Par respect des personnes âgées,
Présentent à leur amie fidèle,
Tous les honneurs dus aux mémés.
3
Dans la gaieté la bonne humeur
Ils formulent en ce jour là,
Pour bébé, leurs vœux de bonheur,
Et félicitent " Manouchka "
4
Ils n'oublieront pas les parents,
Et leurs souhaitent longue vie,
Car ce sont eux les artisans
De ce chef d'œuvre en modèle réduit.
5
Résultat de leur surmenage,
Mais aussi de leur agrément,
C'est ce qui arrive à leur âge,
Dès que l'on reste au lit longtemps.
6
Quant à vous vieille grand maman,
Prenez garde à la bagatelle,
Car vous pourriez à trente six ans,
Donner un oncle à Isabelle.
7
Recevez petite mémère,
Vous et votre cher époux,
Ces quelques vers les plus sincères,
De vrais amis, qui pensent à vous.
Berck-plage le 17 avril 1967.
Venez à Maritime.
Les gens disent à l'unanime,
C'est vraiment chic à Maritime,
Vous êtes bien, c'est l'idéal,
C'est un plaisir cet hôpital.
Venez entrez tout est sublime,
Les chambres à dix sont si intimes,
Quand au domaine médical,
Il y a mieux, mais pas plus mal.
Vous y venez, je vous l'affirme,
Deux fois par an, un professeur,
Et tous les huit jours, un docteur.
Ils ne viennent cher les infirmes,
Que pour dire un petit bonjour,
De temps en temps, mais pas toujours.
Berck-plage le 14 avril 1967.
Adieux et remerciements à Berck .
1
Adieux Berck, centre de repos,
Aujourd'hui ma fuite est certaine,
Je ne te dis pas à bientôt,
Et encore moins à la prochaine.
2
C'est à vous personnel soignant,
De l'hôpital dit : maritime,
Que j'adresse mes compliments,
Dans un langage très intime.
3
Mais je vous prie de m'excuser,
Si au hasard, par maladresse,
Ou par souci de vérité,
Il arrive que je vous blesse.
4
Je ne suis pas un écrivain,
Et ne suis pas plus un poète,
Mais j'aimerai dire en quatrains,
Merci, sans tambour ni trompette.
5
A vous monsieur le professeur,
Vous, homme aux pouvoir sans limite,
Qui n'avais rien tenté d'ailleurs,
Aux cours des deux seules visites.
6
Mais aussi aux médecins,
Même si par leur impuissance,
Ils m'ont laissé sur le chemin
De l'handicap et la souffrance.
7
Je dis aussi avec émoi,
Un grand merci aux surveillantes,
D'avoir été durant des mois
A mon égard aussi patientes.
8
Je remercie les kinésies,
Ceux qui prenaient à cœur leur tâche,
Et ceux aussi qui près du lit,
N'étaient que de fameux bravaches .
9
Je remercie infiniment,
Les infirmiers , les infirmières,
D'avoir supporté gentiment,
Parfois mon petit caractère.
10
Avec sympathie et respect,
Je dis merci aux aides soignantes,
Pour leur sourire et leur bonté,
Dans leurs tâches si peu plaisantes.
11
Je remercie le personnel
Chargé de l'ergothérapie,
Qui par son soutien manuel,
M'a enseigné la vannerie.
12
Merci à vous garçons,
En qui, j'ai grande sympathie,
Même pour ceux qui sans façon,
Se défilaient vers la sortie.
13
Si j'ai omis dans mes adieux,
Un pèlerin sans étiquette,
Qu'il estime surtout heureux,
J'aurai pu me payer sa tête.
14
Enfin je dis merci, à tous,
Même si l'un m'a fait des crasses,
Ouvertement ou bien en douce,
Qu'il se rassure, je lui fais grâce.
15
Et si le contraire s'est produit,
Qu'il soit indulgent si possible,
Pour cet infirme que je suis,
Et pour mon humour impossible.
16
Je vous dis encore merci,
Pour ces soins et délicatesses,
Que vous prodiguiez à celui,
Qui connut souvent la détresse.
17
Aujourd'hui je quitte l'hôpital,
Sans regret, mais pris de tristesse
Non pas pour ce centre banal,
Mais pour les amis que je laisse.
18
Et si je vous dis ô revoir,
Apparemment en grande forme,
Ce n'est bien sur pas dans l'espoir,
De vous revoir en uniforme.
19
Mais je serai vraiment ravi,
De vous revoir en l'occurrence,
Sur une plage du midi,
A l'occasion de vos vacances.
20
Enfin je sais que tôt ou tard,
Si ce n'est pas sur cette terre,
Nous nous reverrons quelque part
Qui sait, peut être chez saint Pierre.
Berck-plage le 20 avril 1967.
La marche des infirmières.
Refrain
Tête haute et parées au concours,
Nous allons de bon matin,
En chantant avec amour,
Préparé d'un bel entrain,
Nos cours
Qui nous bâtiront nos destins,
Nous allons plein d'ardeur,
Fières de notre labeur
Dans la joie et dans l'espoir. (bis)
1
C'est la marche de l'école d'infirmière,
La chanson du centre de Moulins,
Toujours là pour plaire et satisfaire,
Soulager, secourir les humains.
2
C'est la marche des cours de la croix rouge,
La chanson du centre hospitalier,
Ce centre où tout remue et tout bouge,
Pour apprendre aux jeunes leur métier.
3
C'est la marche de nous les demoiselles,
La chanson du centre de secours,
Soyons fières le devoir nous appelle
Répondent de plein grès nuit et jour.
4
C'est la marche, des filles sympathiques,
La chanson du service de santé,
Prodiguons nos pouvoirs méthodiques,
Au chevet des malades, des blessés.
Dernier refrain
Tête haute, vers le concours final,
Nous allons de bon mâtin,
En pratique à l'hôpital,
Préparer notre examen
Oral
Qui nous bâtira nos destins,
Nous allons cœur altier
Fières de notre métier,
Dans la joie et dans l'espoir. (bis)
Moulins le 10 septembre 1967.
Dernier repas à Berck plage .
Assis sur son fauteuil roulant,
Devant une table encombrée,
Un peu de pain, un plat fumant,
Le para finit sa purée.
C'est le dernier repas qu'il prend,
Entre les murs d'une chambrée,
Qui ont été deux ans durant
Témoins des douleurs endurées.
Il quittera demain matin,
Berck, sa plage pour Moulins,
Hélas il est fort peu tranquille.
Son corps inerte et sans ressort,
Lui rend la vie bien difficile,
Mais que peut-il contre le sort ?
Berck-plage le 1er mai 1967.
Le centre hospitalier de Moulins.
1
Venez les souffrants,
Moulins, vous attend,
Venez en confiance.
A tous ces soignants,
Qui ont compétence.
Confiez sans attendre,
Ce sont des cœurs tendres,
Qui sauront comprendre,
Le mal écrasant.
Et soyez tranquilles,
Pour vos corps fragiles,
Car leurs mains habiles,
Ont de grands talents.
Refrain
Moulins, premier secours,
Ton ambulance rapide,
Pareille à un bolide,
S'active nuit et jour.
Ton zélé carabin,
Ce jeune et sociale interne,
Assiste sans baliverne,
Cet infirme ou blessé
Malade ou opéré,
Affaibli, alité, en déclin.
2
Il est bien certain,
Que tous les matins,
Sans qu'aucun n'hésite.
Chaque médecin,
Vous serre la main,
Pendant la visite.
Et la surveillante,
Toujours prévoyante,
Bien calme et patiente,
Quelque soit le mal.
Son cœur charitable,
Est incomparable,
Devant incurable
Qui perd le morale.
Refrain
Hôpital de moulins,
L'ardeur si familière,
De tes hospitalières,
Tient un peu du divin.
Dans leurs vêtements blancs,
Ton aide et ton infirmière,
Dévoués et volontaires,
Pour l'infirme ou blessé,
Malade ou opéré,
Affaibli, alité et souffrant.
3
Et ton infirmier,
Fier de son métier,
Se met à l'ouvrage.
En grand coutumier,
Léger et altier,
S'affaire et soulage.
Quant à la stagiaire,
Regarde là faire
Agir sans manière,
Auprès des patients,
Oui cette soignante,
Même débutante,
Restera charmante,
Devant les souffrants.
Refrain
Moulins hospitalier,
Groupement des souffrances,
Parfois sans espérance,
Mais combien familier.
Ton personnel soucieux,
De soulager et de plaire,
Pour alléger la misère,
De l'infirme ou blessé,
Malade ou opéré,
Affaibli et anxieux.
4
Oui ce personnel,
Dès plus naturel,
Est là sans relâche.
Présent aux appels,
Toujours ponctuel,
Dans sa digne tâche.
Rendons-lui hommage,
Pour son beau courage,
Dans les sauvetages,
Faits avec amour.
L'action téméraire,
De ses fonctionnaires,
Reste légendaire,
Dans les alentours.
Refrain
Hôpital de l'Allier,
Groupement de malades,
Tu es le camarade,
Qu'on ne peut oublier.
Tu seras présent,
Aux cœurs de toutes peines,
Pour tes actions si humaines,
Pour l'infirme ou blessé,
Malade ou opéré,
Affaibli, alité mais confiant.
Moulins, le 9 octobre 1967.
Visions en salle des urgences .
1
Oh non ! ce n'était pas un rêve,
Ni même un de ces cauchemars,
Qui parfois hantent les nuits brèves,
D'un quelconque joyeux fêtard.
Ce n'était pas une chimère,
J'étais couché je ne sais où,
Regardant et ne voyant guère,
Qu'une épaisse brune partout.
2
Et comme au travers d'un voilage,
J'apercevais là toutefois,
Des silhouettes sans visages
S'affurant tout autour de moi.
Elles portaient des uniformes,
Pour leur donner un juste nom.
3
Je ne pouvais même pas dire,
Qui étais qui ?, qui faisait quoi ?
Mais dans mon profond délire,
Je les sentais proche de moi.
Il m'arrivait parfois d'entendre,
L'une d'entre elles chuchoter,
Mais je ne savais pas comprendre,
Ce qu'elle pouvait raconter.
4
Il y avait les blouses vertes,
Des professeurs, des chirurgiens
Ces médecins aux mains expertes,
Mais hélas, je n'en savais rien.
Il y avait les blouses blanches,
Des internes et des carabins,
Qui s'amenaient par avalanches
Pour prendre part aux examens.
5
Il y avait des infirmières,
Des aides des infirmiers,
Leur surveillante et conseillère,
Mais aussi quelques brancardiers.
Ils étaient tous j'imagine,
Autour de moi, là, s'empressant,
Car comme on dit, en médecine,
J'étais un cas intéressant.
6
Il y avait des commissaires,
Des inspecteurs, des enquêteurs,
De la police judiciaire
Pour s'informer ou rendre honneur.
Enfin pour ou hors leur service,
Du simple agent, à l'officier,
Tout ce que compte la police,
Me témoignait son amitié.
7
Il avait mon fils ma femme,
Des Moulinois et des pieds noirs,
Qui des connaissances du drame,
S'étaient déplacés pour me voir.
Il y avait sans aucun doute,
Bien d'autres gens connus ou pas,
Mais dans mon corps trop en déroute
Mon esprit voguait çà et là.
8
Non il ne manquait pas de monde,
Près de mon corps pris de douleurs,
Mais ma mémoire vagabonde,
S'en allait voyager ailleurs.
Elle était rue du quatre septembre,
Là même, où une heure plus tôt,
En ce soir du seize décembre,
Je m'étais fait trouer la peau.
9
Elle était aussi à Yzeure,
Précisément rue des Romains,
Où j'avais foyer et demeure,
Sur le lotissement Secrétain
Et elle était en Algérie,
Près d'une ville ou d'un douar,
Enfin prise de rêverie,
Elle était de partout et nulle part.
10
Je n'avais pas perdu conscience,
Mais la douleur et les calmants,
S'étaient charger en l'occurrence
De l'altérer, passablement.
Et dans ma tête endolorie,
Tonnaient de monstrueux bruits sourds,
Des roulements de batteries,
Comme ceux de mille tambours.
11
Et dans une infernale ronde,
Les chirurgiens, les médecins,
Me plaçaient, ici une sonde,
Là un cathéter, ou un drain.
Coupant et entaillant sans peine,
De leurs bistouris, leurs ciseaux,
Ici dénudant une veine,
Là, fixant un méchant, tuyau.
12
Dans un va et vient légendaire,
Seringues et garrots en mains,
Les infirmiers, les infirmières,
Prospectaient mon corps en déclin.
Chacun allant de sa piqûre,
M'injectant ou me ponctionnant,
Ajoutant au mal des blessures,
Les souffrances du traitement.
13
Voilà comment durant des heures,
Durant des jours, durant des mois,
J'ai atteint la phase majeure,
De mon brutal chemin de croix,
Quittant les salles des urgences,
Pour celles des opérations,
Sans que s'éteigne l'importance,
De mes douleurs, de mes lésions.
14
Depuis cette soirée tragique,
Depuis cet attentat fatal,
Je suis hélas paraplégique,
Dans un fauteuil à l'hôpital.
Et ma santé toujours précaire,
Ne me permet pas pour l'instant,
Un futur retour salutaire,
Près de ma femme et mes enfants.
Moulins, le 13 mai 1968.