Les poèmes |
Guerres |
1914 1964
Cinq modestes sonnets pour garder en mémoire,
Pour la postérité, cinquante années histoire,
D'une famille Pied-Noir, qui a versé son sang
Pour son pays la France et ses ressortissants.
1914 - 1918 Le Martyr.
En mille neuf cent quatorze, un colon algérien,
Laissant chez lui là bas, ses trois enfants, sa femme,
Pour offrir aux français, ses bras et son soutien,
Et peu être sa vie sans aucun état d'âme.
En Mill' neuf cent dix sept, ce vaillant citoyen,
Qui avait échappé, durant trois ans au drame,
Sans doute protégé par un ange gardien
Tout à coup effondré sur le chemin des dames.
Evacué d'urgence, à l'abri des combats,
Sur un lit d'hôpital, ou d'une infirmerie,
Par deux forts brancardiers, tout comme lui soldat,
Mis en soins intensifs, hélas sans résultat,
Le malheureux colon, rentrait en Algérie,
Tétraplégique lourd, jusqu'au jour du trépas.
1939 -_ 194O La défaite
Alors qu'en trente neuf, un conflit menaçait
De plonger dans la guerre, à nouveau la Patrie,
L'infirme de dix sept, dépêchait d'Algérie,
Ses deux enfants aînés, pour aidés les français.
Hélas, votre armement, vétuste et dépassé,
Et un commandement fort, mais en théorie,
Ne pouvaient contenir l'immense artillerie,
Du puissant ennemi qui sans cesse avançait.
En Mill neuf cent quarante, au jour de la défaite,
Si l'un des deux colons, un an plus tôt parti,
Revenait aussitôt, sans encombre chez lui.
L'autre prisonnier, au cours de la retraite,
Rentrait six mois plus tard, lui aussi au pays,
Après s'être évadé, avec quelques amis.
1942 - 1945 La Victoire.
Le gendre et trois enfants du vieux paralytique,
Partaient ou repartaient, les armes aux mains,
Pour bouter l'ennemi, hors de la république.
En quarante deux, joints au américains,
Pendant que le canon tonnait dans le lointain,
Les courageux soldats venus d'Afrique,
Chantaient à pleins poumons " c'est nous les africains. "
Chantaient sur tous les fronts, leur chant patriotique.
Mais en quarante cinq, lorsque prit fin la guerre,
Deux des quatre colons, par convois sanitaires,
Etaient évacués, dans un piteux état ;
Alors que les seconds, aussi forts que naguère,
Pressés de retrouver, leur Algérie très chère,
Reprenaient le bateau, comme tant de soldats.
1954 - 1962 L'abandon.
Lorsqu'aux jours les plus noirs, les colons d'Algérie,
Les combattants d'hier, connaissaient à leur tour,
Les horreurs de la guerre et de la barbarie,
Les obligeant à fuir, sans espoir de retour.
Eux, qui avaient versé le sang pour la patrie,
Et donné aux français, autrefois tant d'amour,
Ils étaient tout à coup, en pleine tuerie,
Laissés à l'abandon, sans le moindre secours.
A cueillis, en héros, tant de fois par la France,
Tous ces colons d'Afrique étaient en ce temps là,
Des frères bien aimés, qu'on prenait dans les bras.
Mais en soixante deux, sans aucune assistance,
Les sauveurs de jadis, étaient des scélérats,
De malfaisants Pieds Noirs, que l'on n'acceptait pas.
1964- Le Sang versé
Si pour me situer, parmi tous ces colons
Ayant participé, à ces deux grandes guerres,
Je disais le premier : était mon pauvre père,
Vous sauriez aussitôt, qui étaient les seconds.
Puisque fils ou beau fils, tous quatre étaient au front,
J'étais évidemment, le frère ou le beau frère,
Qui bien qu'adolescent, restant en solitaire,
Pour cultiver les champs, laissés à l'abandon.
Les travaux étaient durs, et les gains bien petits,
Alors douze ans plus tard, pour servir mon pays,
Je me fis policier, avec grande espérance.
Mais en soixante quatre, en service de nuit,
Blessé très gravement, par l'arme d'un bandit,
Je versais à mon tour, le sang pied noir en France.
Mai 2000.