Notre action en Algérie, si grande dans ses conséquences, eut pour cause une affaire de la plus grave importance :
Alger, affreux repaire des écumeurs de mers, connus sous le nom de Barbaresques, continuait à servir de refuge aux pillards, après les brigandages accomplis de ces dignes émules des Amrou et des Gengiskan.
Au chapitre suivant, nous présentons au lecteur l'histoire des deux ou trois siècles qui précédèrent la chute définitive des brigands des mers, depuis leur arrivée au milieu des antiques murailles de la vieille cité des anciens Numides, surnommée depuis l'arrivée des pirates :
ALGER LA SCÉLÉRATE
—Les Barbaresques, comme nous le racontons dans le chapitre qui va suivre, depuis qu'ils avaient été chassés d'Espagne, poursuivis toujours par les armes de la France, avaient donc établi leur repaire derrière les rochers noircis de l'antique cités des Numides.
La France, dont la mission traditionnelle, connue de tous, était d'opposer la protection de ses armes contre tous les dangers, qui pouvaient menacer les peuples— Providence du Ciel.
Gesta Dei per Francos,
suivait pas à pas les barbares — toujours prête à châtier les tristes héritiers des Tarik et des Mahomet.
La prise de Constantinople avait amené la chute des Maures en Espagne, la destruction de la flotte des infidèles à Lépante — de l'armée de terre des barbares, au siège de Vienne. — La Grèce délivrée, Alger reconquise, toujours par le concours des
Soldats de Dieu
précédée de la bataille glorieuse de Navarin et suivie de la prise de Constantine et d'Oran.
Plus tard — la captivité d'Abd-el-Kader — va nous faire pressentir la fin prochaine de la puissance musulmane — nation païenne — adonnée v à toutes les cupidités des peuplades barbares.
Mais, d'après les récits des publicistes de haute valeur, cette nation méprisable, dont les mœurs toutes païennes, polygamie immonde, sont une honte pour l'Europe chrétienne, doit disparaître.
Et l'heure de la disparition, d'après les mêmes publicistes (1), serait désormais imminente.
Ces courtes explications données, arrivons au grand fait de la prise d'Alger :
Les barbaresques ou pirates, poursuivant la série de leurs effroyables brigandages sur mer, deux navires français, victimes d'une tempête affreuse, se voient tout à coup entourés par plusieurs bricks musulmans, lesquels, loin de porter secours à l'équipage en détresse, ouvrent un feu meurtrier contre les infortunés naufragés, massacrent l'équipage, s'emparent des deux navires et de toutes les richesses renfermées dans les deux nefs chrétiennes.
(1) Rohrbacher, Hist. de l'Église, de Maistre, etc.
Une inhumanité si coupable va hâter le grand dénouement marqué par la justice du Ciel.
Assassiner un équipage en détresse, au lieu de porter secours aux naufragés, constituant brigandage, condamné par le droit des gens, pareil brigandage devra recevoir châtiment définitif : - Alger va disparaître.
Hussein-Pacha, Dey d'Alger, était complice.— Ce monstre avait partagé, avec les assassins, les dépouilles des victimes égorgées.
C'en était fait. — Le roi Charles X ne voulut plus de délais, la piraterie d'Alger allait entendre sonner son heure suprême. — L'amiral Duperré est nommé commandant de la flotte, — le maréchal de Bourmont, commandant en chef de l'armée de débarquement.
Le 10 juin 1830, la flotte était en vue d'Alger ; le 13, s'opérait le débarquement sous le feu ennemi; le 19, avait lieu la célèbre bataille de Statouëli ; — le 4 juillet, notre victoire était complète, — Alger faisait sa soumission, — et le 5, nos soldats vainqueurs entraient dans la ville conquise. — Le Dey devait avoir-la vie sauve - liberté lui restait de faire le choix d'une ville quelconque en dehors de l'Algérie; — il choisit la ville de Naples. — Avec le Dey d'Alger était tombée la puissance des Turcs en Algérie.
Bon lecteur, il faut continuer, si tu veux bien connaître Abd-el-Kader, ainsi que le haut fait de notre expédition .en Algérie !
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France