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L'islam et le christianisme |
LES LEÇONS DE LA VIE DE MAHOMET
L'ISLAM et le CHRISTIANISME par Georges ROUX
On ne peut rien comprendre à un pays musulman si l'on ne se penche pas minutieusement sur ce qui en demeure toujours l'âme, sur le personnage qui depuis treize siècles en reste le centre et comme l'éternelle explication : sur la vie du fondateur même de l'Islam.
Mahomet naquit, on le sait, en 571 si j'ai bonne mémoire, mettons à la fin du VIe siècle de notre ère, en tout cas près de six cents ans après le Christ. Arrêtons-nous là pour aujourd'hui car cela seul est important.
Celui qui allait être le Prophète vint au monde alors que dans ce monde une religion, le christianisme, était déjà florissante, en pleine vigueur, ne marquant aucun signe de décadence. Des pays qui entouraient l'Arabie, les uns étaient païens et dans un état grossier, les autres étaient chrétiens et dans un état de civilisation supérieure. Mahomet lui-même fut par ses voyages en contact direct avec les chrétiens de Syrie. Sur lui l'influence du christianisme a été considérable. Dans le Coran la référence à Jésus est constante, souvent expresse. On y a dénombré plus de trente réminiscences de l'Evangile de Saint Mathieu et une soixantaine d'autres des divers livres du Nouveau Testament. "Sans compter ", remarque un excellent arabisant M. Bonjean, " un ensemble imposant d'idées, d'images et d'expressions qui, sans dépendre directement de passages bibliques, révèlent par leur ton une influence chrétienne et monastique. La formule Incha Allah, s'il plait à Dieu, est littéralement empruntée à l'épître de Saint Jacques, le pèlerinage de la Mecque imité des pèlerinages à Jérusalem et au mont Sinaï. Les prières rituelles avec prosternations profondes et répétées sont autant de pratiques qui évoquent les ermites de la Thébaïde " et toute cette floraison de rites spéciaux à l'église chrétienne d'Egypte à cette époque.
Le lien est même tel entre les Evangiles et le Coran qu'un alem, un savant musulman, m'a un jour au Caire assuré gravement que Mahomet devait être le "Paraclet", l'espèce de héros mi- saint mi- diabolique annoncé par Saint-Jean et mon homme de m'expliquer que le mot de Paraclet était la déformation du grec "Paraclutos", lequel par une coïncidence étrange a le même sens que le mot arabe "Ahmet" ou Mohammed, c'est-à- dire le "Très glorifié" !
Cette thèse étrange, je ne la donne à mes lecteurs que pour montrer la solidarité qu'il y a entre les Evangiles et le Coran.
Il y eut d'ailleurs, au début, entre le Christianisme et l'Islam naissant, un accord complet. C'est toujours avec ménagement que Mahomet traite les chrétiens, il les appelle "les gens du livre", il les distingue soigneusement des païens et des juifs, il leur marque une éclatante préférence. Au cours de ses prédications il déclare : "Mon Dieu est celui des chrétiens, des peuples de l'Ecriture". Il semble bien que Mahomet se soit considéré comme le continuateur de Jésus, comme un réformateur oriental du christianisme, comme le prophète spécialement chargé d'apporter au peuple arabe un livre qui sera pour lui une nouvelle bible. Dans sa sourate 6 le Coran s'exprime ainsi : "Voici un livre béni confirmant celui qui le précède". Il a probablement voulu apparaître pour une sorte de confirmation locale des évangiles. Puis peut-être les événements l'ont-ils dépassé. N'aurait-il pas été grisé par son succès, et au lieu d'une simple adaptation d'une religion existante n'aurait-il pas été amené à fonder une autre religion ? C'est le propre des grands hommes d'aller au-delà de leur but.
Toujours est-il que pour beaucoup d'entre nous l'Islam apparaît comme un dérivé, comme une sorte de branche du christianisme. Un musulman Amer Ali a pu écrire : "Dans leur essence même, Islam et Christianisme seraient une seule et même religion". A prendre l'ossature, si j'ose dire, du Coran on s'aperçoit qu'il ne contredit jamais les Evangiles.
Alors, me direz-vous, d'où vient la profonde différence qui aujourd'hui sépare les deux religions ? Tout simplement de ce fait que l'Islam a été prêché à un peuple qui se trouvait et se trouve toujours dans des conditions morales et sociales tout à fait différentes de celles des peuples de l'Empire romain qui reçurent le christianisme et lui ont donné son caractère propre. Ce qui a causé le fossé c'est la différence des races, des mentalités, des mœurs, des Histoires, c'est en un mot ce que nous appellerions la différence des "climats".
Les textes ne sont rien devant l'interprétation. Tout est affaire d'esprit. Le schisme Islam-Chrétienté ne serait-il pas une des formes de l'éternelle opposition de l'Orient et de l'Occident ?
L'Oranie populaire. Hebdomadaire fédéral ["puis" de la Fédération d'Oran] du Parti populaire français...