La domination des Turcs en Algérie remonte à Aroudji-Barberousse, chef de brigands ou de pirates. Les demi-notions faussent l'esprit. Les beaux génies se développent aux rayons resplendissants des annales historiques.
Suivons donc, cher et ami lecteur ; - développons notre esprit en parcourant les plaines de l'histoire. — Rien n'est beau comme l'étude des siècles écoulés ; c'étaient mes délices après les combats, aux jours de repos, sur ces vieilles plages de l'Afrique. Donc, Aroudji-Barberousse établit la domination turque en Algérie.
Quelques explications pour compléter les faits : - Les habitants primitifs de l'Algérie et de son territoire, ce sont les Arabes et les Kabyles. — Ces Arabes et Kabyles, au temps du Barberousse en question, vivaient en tribus errantes au milieu du désert ; — toutes, ou à peu près, étaient soumises au Coran. Les Musulmans venaient d'être chassés d'Espagne, grâce au courage héroïque de la chevalerie de France, demeurée constamment fidèle appui de toutes les causes justes et saintes ; — Ferdinand et Isabelle alors rois d'Espagne (1492).
Chassées d'Ibérie, ces peuplades affamées de carnages et de massacres, guidées par leur instinct sauvage, ce rangèrent volontiers sous la conduite du pirate Aroudji-Barberousse, — s'emparèrent de la ville d'Alger, — s'assujettirent les peuples nomades du désert, c'est-à-dire les Arabes. Grâce à l'uniformité de croyance : le Coran, les Arabes au désert supportèrent sans trop frémir, le joug des Turcs dominants à Alger, sous l'autorité de chefs appelés Deys.
L'Arabe était le fils du désert, l'habitant primitif de l'Algérie; — son costume distinctif était le burnous avec-le capuchon traditionnel.
Le Turc ou Mamelouk était l'étranger venu de l'Espagne, et, plus tard, de Constantinople. — Le Turc habitait la ville ; — le large pantalon et le turban : tels étaient les caractères extérieurs distinctifs.
De Aroudji-Barberousse à Hussein-Pacha, dernier Dey d'Alger, tombé devant les armes françaises, 315 ans s'étaient écoulés. — Ces 315 ans avaient été une flétrissure d'infamie, qui avait marqué le front de l'Europe civilisée. — Les Deys d'Alger n'étaient que des chefs de brigands des mers, qui, sous le nom de pirates, partis d'Alger la scélérate, infestaient tous les océans, attaquaient les navires du commerce, s'enrichissaient des dépouilles des vaincus et réduisaient en esclavage les chrétiens qui avaient survécu aux massacres et aux pillages des navires. — Qui pourra jamais raconter les misères et les souffrances des esclaves, sous la barbarie des forbans d'Alger? — Chacun bénira le triomphe de nos armes en 1830, quand nous aurons dit que, dans la Régence d'Alger, il n'y avait pas moins de trente mille esclaves, presque tous, infortunés chrétiens pris par les pirates, au cours des incursions de ces barbares, sur toutes les mers : — c'étaient les Turcs qui composaient la cour ou le divan du Dey. Les Turcs formaient la garde de ce chef inhumain ; ils occupaient toutes les charges et les dignités ; - les Arabes subissaient la loi des vainqueurs.
Ces préliminaires une fois exposés, le lecteur comprendra plus facilement ce qu'il nous reste à exposer des Arabes et de leur Émir, Abd-el-Kader.
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France