LE CYNISME BRITANNIQUE
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Le gouvernement britannique voudrait, paraît- il, reprendre des relations «normales» avec la France. Mais quelles conversations sont possibles après l'effroyable crime commis par la marine anglaise à Mers-el-Kébir ?
M. Baudouin, ministre des affaires étrangères, a déclaré à Vichy qu'avant tout rétablissement des liens diplomatiques, pleine réparation devait être faite pour les victimes de l'agression britannique.
Londres n'a rien répondu et ne songe même pas à libérer ceux de nos bâtiments qui nous ont été volés.
L'Angleterre voudrait encore se servir de la France mais n'envisage nullement d'expier les assassinats dont elle s'est rendue coupable à l'égard des frères d'armes de la veille.
Il n'y a pas assez d'or anglais dans le monde pour effacer le souvenir de cette lâcheté. Que M. Baudouin ne l'oublie jamais !
C'est la France qui payera aux familles de nos héroïques marins assassinés par la flotte britannique les indemnités nécessaires. Mais l'or anglais n'est bon qu'à acheter les consciences pourries des misérables ministres qui ont conduit notre pays au bord de l'abîme.
La seule réparation que puisse offrir M. Churchill, c'est d'inscrire le mot TRAHISON sur le drapeau britannique.
Le Matin
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Une déclaration de M. Baudouin
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A propos de la demande par l'Angleterre de la reprise des relations normales avec la France.
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Vichy, 19 juillet.- Au début de la soirée d'hier, M. Paul Baudouin, ministres des affaires étrangères, a fait à La presse la déclaration suivante :
Après l'attaque de Mers-el- Kébir, le gouvernement français a décidé de rompre les relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne. Ordre a été immédiatement donné à notre chargé d'affaires à Londres de notifier cette décision au gouvernement anglais.
Le gouvernement anglais ne s'est pas borné à prendre acte de cette décision il a suggéré de rétablir les liens diplomatiques normaux entre les deux pays.
Le point de vue français
Le gouvernement français a aussitôt répondu au gouvernement anglais que sa demande ne pourrait éventuellement être prise en considération que si tout d'abord les navires indûment saisis par la Grande-Bretagne dans les ports anglais nous étaient rendus et que pleine réparation fût donnée pour les victimes de l'agression britannique et les dommages causés par l'agression d'Oran.
Le gouvernement français a tenu à publier ses propositions étant donné que les correspondants étrangers et la radio britannique font allusion à des négociations.
Le point de vue anglais
Les informations de Londres nous indiquent que le gouvernement britannique n'est pas disposé à accepter la libération des bâtiments français, considérée ici comme essentielle, car le souci constant du gouvernement français est de tenir les engagements pris en vertu de l'armistice, en cette matière comme en toutes les autres.
Quelles que soient les suites de l'attitude de l'Angleterre, la France aura fait tout son possible pour les éviter et n'en portera pas les responsabilités.
Les dispositions déjà prises par le chargé d'affaires français lui permettent de quitter demain le territoire britannique.
Le Matin (Paris. 1884). 1884-1944.- 20 juillet 1940
Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France