L'émigration allemande et l'Algérie


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- Histoire de l'émigration au XIXe S.

Emigration allemande en Algérie

Histoire de l'émigration au XIXe siècle

La Prusse.


Les souverains de la Prusse au dernier siècle, impatients d'élever leurs Etats au rang de grande puissance, favorisèrent l'immigration et sévirent contre l'émigration avec une ardeur égale.
Dans le cours de son règne, Frédéric-Guillaume 1er, consacra, estime-t-on, 5 millions de thalers à l'établissement de colonies intérieures. Il installa 20.000 familles en Prusse. En même temps il défendit, sous peine de mort, l'émigration de tout paysan, prononça le même châtiment contre les complices, et offrit une récompense de 200 thalers pour l'arrestation d'un émigré. Héritant de ces monstrueuses violences, Frédéric II s'attacha surtout à retenir dans le pays les étrangers qui s'y rendaient périodiquement ; dans les environs de Magdebourg, les moissonneurs du Vogtland et dans les faubourgs de Berlin, les maçons du même pays. On dit qu'il fixa 42.000 familles pour la plupart étrangères dans 539 villages, mais sur ce nombre, beaucoup cédaient plutôt à l'attrait des faveurs royales qu'au désir sérieux de s'élever et s'enrichir par le travail. Il défendit d'émigrer aux gens de bonne conduite, aux bons ouvriers, à ceux qui ne manquaient pas de ressources.
De nos jours, ce mouvement d'entrées et de sorties se développe en Prusse, suivant des proportions résumés par les chiffres suivants

.................................................................................................. Période Septennale..................Moyenne annuelle
1844-45 . . . . . . . 7.108
1845-46 . . . . . . 14.577
1846-47 . . . . . . 12.788
1847-48 . . . . . . . 6.217 .........................................................................59.143...................................8.449
1848-49 . . . . . . . 6.872
1849-50 . . . . . . . 5.345
1850-51 . . . . . . . 6.336

1851-52 . . . . . . .. 18.722
1852-53 . . . . . . . 15.641
1853-54 . . . . . . . 30.344
1855 . . . . . . . . . . 14.776.......................................................................136.149..................................19.449
1856 . . . . . . . . . . 18.699
1857 . . . . . . . . . . 23.972
1858 . . . . . . . . . . 13.995

A ces chiffres il faudrait ajouter l'émigration clandestine pour laquelle on n'a que des aperçus hasardés, mais qui paraît être tellement considérable d'après le rapport des naissances aux décès, que les statisticiens portent à 157.000 les départs de 1849, 50 et 51, que les autorisations n'élèveraient pas à 38.000. En 1858, on a calculé que l'émigration secrète atteint un quart de l'émigration avouée.
Ce mouvement s'opère d'une manière très inégale dans les diverses provinces, mais à un degré quelconque dans toutes. C'est dans les provinces rhénanes, ainsi qu'en Poméranie et en Silésie, que le mouvement est le plus prononcé. Dans cette dernière, l'évêque de Breslau a engagé tout son clergé à empêcher de son mieux l'émigration des catholiques ; mais en même temps, un prêtre catholique avait fondé une colonie au Texas.
Les causes de cette expatriation sont multiples : misère, mécontentement politique, esprit de secte, ambition raisonnée, tout y contribue. Le patriotisme s'y joint pour le duché de Posen, que la monarchie prussienne ne s'est pas encore assimilé au bout d'un siècle.
La densité de la population, excessive en certaines provinces, comme les bords du Rhin et la Silésie, ne dépasse pas 63 habitants par kilomètre carré pour l'ensemble de l'Etat (17.739.913 habitants sur 280.194 kilomètres) : l'équilibre s'établirait donc naturellement de l'une à l'autre, s'il n'y avait pas un esprit général d'émigration, indépendant des causes locales.
Cet esprit dérive des causes générales qui pèsent sur la Prusse entière ou du moins sur des régions entières : insuffisance des libertés civiles, politiques, religieuses (ces dernières manquent surtout aux protestant séparatistes et aux israélites), le morcellement excessif de la propriété dans les provinces rhénanes et la constitution aristocratique du sol dans les provinces orientales, les entraves du régime industriel, le fardeau du service militaire qui est à la fois une charge personnelle et un obstacle réel sinon légal au mariage des jeunes gens, etc…
Les Prussiens, après avoir longtemps porté leurs vues sur les Etats-Unis seuls, se dispersent maintenant de toutes parts : au Brésil, dans l'Amérique centrale, en Australie, en Russie, au Cap de Bonne-Espérance. Ils composent en Algérie la majorité des villages de la Stidia et de Sainte-Léonie dans la province d'Oran, et sont mêlés à leurs compatriotes allemands dans plusieurs autres.

Source : Histoire de l'émigration Européenne, Asiatique et africaine au XIXe siècle. Ses causes, ses caractères, ses effets ; par M. Jules DUVAL - 1861














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