L'émigration allemande et l'Algérie


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- Etudes économiques politiques

Emigration allemande en Algérie

Etudes Economiques et Politiques

COLONISATION, 200.000 FR.


Un crédit de 200.000 fr. est demandé à la Chambre pour acheter l'établissement de villages à la Stidia et à Sainte-Léonie.
900 Allemands des deux sexes et de tout âge ont été transportés par les soins du gouvernement, aux mois de septembre et d'octobre 1846, sur la côte d'Afrique, et débarqués à Oran. Ces étrangers étaient affaiblis par la misère et la maladie. Ils arrivaient sans ressources ; un très grand nombre avait déjà succombé dans la traversée, un plus grand nombre encore mourut peu après être arrivés. Il est vraisemblable qu'ils eussent presque tous péri, si on n'était venu à leur aide. Par les ordres de M. le gouverneur-général, ils furent conduits dans les environs de Mostaganem, sur les territoires de la Stidia et de Sainte-Léonie. Là on les nourrit, on leur bâtit des maisons, on défricha et on sema leurs champs ; en un mot, on leur donna les moyens de vivre qu'ils n'avaient pas. Le crédit qu'on vous demande est destiné à continuer cette œuvre de charité publique, plus encore que de colonisation. Votre Commission ne vous propose pas de repousser un crédit qui a un pareil objet.
Elle a approuvé qu'on fût venu au secours de cette malheureuse population, que nous ne pouvions laisser périr sur les rivages de l'Algérie, après l'y avoir conduite nous-mêmes. Mais elle s'est étonnée qu'on l'y eût conduite.
Interrogé sur ce point, M. le ministre de la guerre a répondu que les Allemands dont il est question avaient originairement l'intention de se rendre au Brésil. Arrivés à Dunkerque, ils manquaient de moyens de transports et de ressources pour s'en procurer, et ils devenaient un sujet d'embarras et d'inquiétude pour la ville. L'affaire fut soumise au conseil des ministres, qui décida que ces étrangers seraient immédiatement transportés en Algérie.
Il est permis de regretter vivement, messieurs, que cette décision ait été prise ; elle n'était conforme ni à l'intérêt de la colonisation de l'Afrique, ni à celui du Trésor, ni même à l'intérêt bien entendu de l'humanité.

Source : Etudes Economiques Politiques et Littéraires par Alexis de TOCQUEVILLE - 1866


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