Première mention historique et origine du nom
La rivière de Nohèdes est citée dans un texte de 888 (rio de Noseto). Les autres mentions du lieu sont plus tardives : Nosedes (1181), Noheda (1188), puis au XIVe siècle Noedes et surtout Nohedes. Le toponyme ne pose aucun problème d'explication : il désigne un lieu où poussent les noyers.
Nohèdes est une commune où la légende se mêle constamment à l'histoire, si bien qu'il est difficile de discerner le vrai du faux. C'est le cas par exemple de l'ancien hameau de Monteilla (villare de Montiliano, 1311), en amont du village, dont la tradition populaire veut qu'il ait été autrefois un village beaucoup plus important que Nohèdes, certains parlant même de ville. Mais il y aurait eu une catastrophe naturelle, grande inondation pour les uns, avalanche pour d'autres, détruisant tout, y compris un château. Légende peut-être, exagération sans doute, mais le nom du hameau (Montiliano) pourrait malgré tout correspondre à un éventuel domaine gallo-romain.
Non loin de Monteilla, se trouve une grande aiguille rocheuse appelée la Roca de Salimans, dont le nom est évoqué dès le XIe siècle (ipsa rocha de Sexman), ou encore au XVe siècle (rupes castri de Sayman, 1412). Une légende veut qu'il y ait eu là un anneau auquel Noé aurait attaché son arche, thème fréquent dans les récits populaires de plusieurs régions montagneuses. Plus embarrassants sont les textes historiques, qui indiquent clairement l'existence d'une fortification à cet endroit. Or il n'y a rien au sommet de cette aiguille, qui de toute façon est inaccessible autrement que par l'escalade. Le mystère demeure entier.
Quant au village de Nohèdes, son histoire se rattache dès le Moyen Âge à celle de la seigneurie de la Vall de Conat, érigée ensuite en baronnie. Celle-ci était détenue aux XIe et XIIe siècles par une famille dite de Sautó ou de Conat, selon les textes. Au XVe siècle, il semble que l'essentiel de la seigneurie ait appartenu à Miquel de Cardona, qui possédait aussi Molitg, Campome, Paracolls, et Coma. Durant la seconde moitié du XVIIIe siècle, elle appartenait à Antoine d'Ortaffa (de 1763 jusqu'à la Révolution). Il semble que Nohèdes ait possédé un château (castell de Nohedes, 1370). Quant à son église, elle est mentionnée pour la première fois en 1279. Le village ne comprenait en 1378 que quatre feux, soit une vingtaine d'habitants tout au plus. Autant dire, si ces chiffres sont exacts, que son importance au Moyen Âge était minime. C'est apparemment au XVIIIe siècle que la croissance démographique est la plus forte : on compte 22 feux vers 1725, soit une centaine d'habitants, tandis que le recensement de 1799-1800 fait état de 319 habitants. On compte même 414 habitants en 1820 (les chiffres de ces divers recensements sont certes très peu fiables, mais ils correspondent à peu près à la réalité).
La population de la fin du XVIIIe siècle est très pauvre, ne disposant en tout et pour tout que de 77 journaux de terres cultivables (le journal du Conflent équivaut à 35,5 ares), presque toutes à l'aspre. Ils ont également 28 journaux de prés, et c'est tout. Quant au seigneur, il possède 100 journaux de pacages (enquête économique de 1775). Autant dire que les habitants produisent tout juste de quoi se nourrir, leurs principales ressources étant sans doute liées à l'élevage. Au XIXe siècle, la population se maintient vaille que vaille autour des 300 habitants, l'exode ne devenant très sensible qu'après le première guerre mondiale : 144 habitants en 1920, 66 en 1936. La situation a continué à se dégrader après la deuxième guerre, mais depuis une vingtaine d'années on assiste à une légère remontée.