CHARLES BROUTY appartient à une génération d'artistes qui a donné ses lettres de noblesse à l'Algérie dans le domaine artistique.
L'artiste est bien un fils de la Méditerranée, il est né en mer. Après des études classiques au lycée de Nîmes, il suit l'enseignement de l'Ecole des beaux-arts de la ville, et, guidé par sa passion, réalise dessins et illustrations pour des journaux du Sud et du Sud-Est. Arrivé à Alger, entre 1914 et 1915, il donne à l'Akbar ses premiers dessins et lithographies envoyés de Syrie, imprégnés de ce qu'on peut appeler l'esprit de guerre.
Démobilisé à Alger, il œuvre régulièrement pour la grande presse algéroise. L'artiste appartient désormais au monde du journalisme et habite le quartier populaire de Bab-el-Oued.
Brouty collabore avec talent à l'illustration de très nombreux ouvrages où il combine, dans ses croquis, choses et gens, ayant leur physionomie propre. Passionnés comme lui par le peuple d'Alger, deux grands artistes, Jean Launois et Etienne Bouchaud, l'accompagnent. En 1930-1931, il obtient la bourse de la Casa de Velasquez, puis le Grand Prix artistique de l'Algérie. Virtuose d'un dessin qu'il a constamment épuré pour le réduire à l'essentiel, Brouty fait preuve dans ses notations d'une maîtrise absolue. Attiré par le désert comme Camus, il a aussi surpris les Touaregs sous leurs tentes, parcouru le Tchad, le Ténéré, s'est arrêté partout - El-Goléa, Ouargla, Ghardaïa, Djanet, In-Salah, Timimoun, Agadès, Nduigmi -, et a fixé le monde nouveau des derricks dans les étendues de sable saharien.
CHARLES BROUTY, peintre, journaliste, dessinateur, est né le 2 janvier 1892 par accident, dans les eaux territoriales françaises au large de Bastia.
Fixé en Algérie de 1912 a 1963 - année ou il estime en avoir été chassé -, Charles Brouty, tout au long d'une carrière honorable et honorée, chantera picturalement ce pays tant aimé dans ses manifestations les plus humbles comme les plus féeriques.
Peintre officiel de la mission Ténéré-Berliet (Alger-Fort-Lamy), décorateur du pavillon de l'Algérie aux foires internationales de Paris et de Bruxelles, Charles Brouty cumule les récompenses :
Grand Prix artistique de l'Algérie, médaille d'or des peintres orientalistes français, pensionnaire de la Casa Velazquez et illustrateur d'une vingtaine d'ouvrages sur l'Algérie, l'Oranie, la Kabylie, le Hoggar et le Sahara.
Ces dessins, ces peintures, mieux que tous les discours, resteront des témoignages sensibles de ce que fut la vie du peuple pied-noir.
Il décède à Pau en 1984.